Les Instructions officielles.

Répondre aux exigences de la discipline

 

Partant des observations que j'avais faites depuis la rentrée et de ma volonté de faire progresser mes élèves à l'écrit, les objectifs que je me fixai pour l'écriture de ce journal correspondaient tout à fait à ceux énoncés dans les Instructions Officielles :

  - développer le plaisir d'écrire,

- développer la capacité de s'exprimer et de communiquer par écrit, assimiler l'idée qu'un

texte est notamment écrit en fonction d'un ou de plusieurs destinataires

- être apte à produire un texte complet cohérent .

- maîtriser la narration et s'initier à la description .

Il me restait à confronter ces objectifs d'écriture "nationaux" aux besoins et à la réalité singulière de ma classe pour fonder mes choix .

Besoins et objectifs : quels choix ?


A ) Canaliser une énergie participative à l’oral

Un de mes soucis principaux face au profil « bien particulier » de cette classe était de la canaliser, tant au point de vu du comportement en classe que de la mise au travail. J'étais en effet consciente de la richesse de ce qui s'exprimait à l'oral : sentiment d'une sorte de jubilation de mes élèves à imaginer, à raconter des histoires vécues ou farfelues .Cette énergie dans la participation à l’oral était hélas bien moins  perceptible à l'écrit.

Cette abondance, cette profusion, bref cette richesse orale, me semblait gâchée par l'absence de cadre dans lequel elle pourrait s’exprimer aussi sur la page.

Il me fallait leur faire sentir la nécessité d'un minimum d'exigences dans la participation en classe (écouter l’autre, respecter ce qu’il dit, s’exprimer au bon moment …). J’espérais en même temps, réinvestir ces exigences dans le processus d'écriture. Pour leur faire accepter cet effort de rigueur, leur faire comprendre qu'il avait une utilité, je devais les séduire par un projet; c'est là qu'est apparue l'idée de la rédaction d'un journal qui devait leur permettre d'écrire pour autrui, d'apprendre à travers la forme blog à produire un texte "propre", et d'être fiers, à terme, d'avoir alimenté des pages web.

B ) Le choix d'une écriture brève, régulière et contemporaine.

L'idée de créer un blog classe me paraissait devoir les séduire, il fallait réfléchir au thème de ce futur chef-d’œuvre ... Nous sommes ensemble partis d’une petite anecdote vécue en classe de français tous les jours. En effet, chaque début de séance commence par un retour oral sur la séance précédente. Chaque jour (et ce avec toutes mes classes) un élève est donc « au rapport » pour expliquer aux éventuels absents ce qu’ils ont manqué et doivent rattraper. Ce temps calme permet également à tous de relire son cahier, se remémorer rapidement ce qui a été vu, de quoi on parle …De mon côté je profite de ces quelques minutes pour faire l’appel. L’un de nos échanges a d’ailleurs porté sur les sens du verbe « rapporter » ainsi que sur l’appartenance de celui-ci aux différents niveaux de langues. Chacun sait, bien sur d’où est né le titre de ce blog.

 Par ailleurs, lancer la classe dans ce type de  projet d'écriture me permettait également de mettre en route des acquisitions progressives au niveau de la conscience des exigences de l'écrit :

«  * écrire, c'est faire un projet, un brouillon, le relire et faire des corrections, recopier le texte au propre et le relire encore ... "Ainsi, écrit Chantal Lavigne, le statut et les enjeux de l'écriture vont peu à peu se modifier, les élèves intégrant le fait qu'un écrit évolue et s'améliore."

* écrire, c'est aussi faire la différence entre un texte "pour soi" et un texte "pour autrui", notamment pour la présentation, pour la lisibilité du texte, tant au plan graphique qu'au plan logique, puisqu’un des problèmes majeurs rencontrés par mes élèves dans la narration était le manque de clarté dans l'enchaînement des actions : il fallait leur faire comprendre que ce qui était évident pour le scripteur ne l'était pas nécessairement pour le lecteur .

* écrire, enfin, n'est pas qu'un exercice scolaire destiné à être lu par un professeur "armé" d'un stylo rouge ... mais un acte de communication avec un lecteur qui a des attentes et qu'il ne faut pas décevoir; d'ailleurs, ce souci était très présent chez mes élèves qui, avant même de savoir par qui ils seraient lus, ne voulaient surtout pas courir le risque "d'avoir la honte", et m'ont fait promettre de les aider à corriger leurs textes !

 

L'écriture me paraissait aussi être le moyen idéal de travailler en décloisonnement. En effet, le souci de "bien écrire" devait amener les élèves à se poser des questions liées à la correction de leur expression et, effectivement, très rapidement ( même dès l'étape du brouillon ), ils m'ont demandé de faire un "point de rappel" sur les temps du récit, la structure et le contenu d’un article … .C'était donc leur questionnement, né d'une situation concrète d'écriture et, de mon côté, les observations que j'effectuais en lisant leurs textes, qui allaient guider l'organisation de l'étude de la langue et surtout garantir son efficacité . » Denis Bjaï insiste sur ce fait dans Enseigner le français en collège et en lycée :

"Le projet d'écriture longue, mettant les élèves en situation de réinvestir, dans leur propre production écrite, les compétences construites en étude de la langue, devrait aider à combler, non seulement en orthographe, [...] mais aussi en grammaire, [leurs lacunes ] ."

«  Ces apprentissages, parce qu'ils sont ressentis comme une nécessité, et reconnus utiles par les élèves sont facilités .Comme le souligne Chantal Lavigne ou encore Philippe Meirieux.

"les outils de grammaire qui sont donnés progressivement aux élèves leur permettent de pallier les erreurs relevées dans leurs textes [...] La réflexion que mène l'élève sur sa propre écriture l'aide naturellement à pratiquer des activités de lecture et il peut -comme tout adulte qui écrit - avoir besoin de consulter un ouvrage, de relire un passage précis ."

On voit donc enfin comment la pratique d'une écriture régulière permet de donner une cohésion à l'ensemble des activités de la classe de français en assurant le lien entre lecture, écriture, oral et étude de la langue. »

 

-C ) Le choix du travail individuel .

L’hétérogénéité de la classe constituait une autre difficulté à laquelle j'avais du mal à remédier et ceci était d'autant plus ennuyeux qu'elle générait des problèmes d'attention chez une bonne partie des élèves;  j'ai donc cherché comment, à travers ce projet d'écriture, je pouvais créer plus de cohésion entre eux et faire progresser leur capacité d'écoute.

En ce tout début de séquence, j’ai opté pour le plus facile : chacun écrit ce qui lui convient. Les plus faibles se serviront d’un guide proposé par le professeur pour ne pas paniquer devant la page blanche.  Une fois les 27 articles rédigés, force était de constater que chacun avait produit un bon travail (à l’échelle de ses capacités). C’est pourquoi, à présent je suis plus confiante pour proposer de futurs ateliers d’écriture par groupe.

 

-D) La formule d’un  travail en groupes

Elle devrait  responsabiliser la classe et chaque élève autour d'un projet commun et permettre ainsi de :

-  stimuler et/ou débloquer les talents de chacun : imagination débordante, connaissance du code, savoirs culturels ...

- rendre responsable chaque groupe de la rédaction définitive d'un article.

 

Il me semblait possible ainsi de jouer sur l'amour propre des élèves; je comptais sur un sentiment de fierté interne à chaque groupe : il fallait écrire "bien" et des choses  intéressantes pour "épater" les autres, mais aussi sur un sentiment de fierté de la classe entière : pour que le blog soit apprécié.

Je pense alors partager la classe en groupes de  deux ou trois élèves, les laissant constituer les équipes comme ils l'entendent. Nous verrons un peu plus tard les problèmes ... ou les bonnes surprises que cela  suscitera .

Chaque groupe se verra investi d’une mission : celle de rédiger un article dans un domaine totalement libre mais dont le choix devra être argumenté et accepté par le reste de la classe.

 

Le sentiment de fierté lié à la réussite scolaire, se retrouve donc dans la finalité du projet en français, alors qu’elle en était le moteur en EPS au début de l’aventure…

 

Un travail sur le lexique prendra évidemment  une large place, et débutera /ou finira peut-être avec  l’étude du laudatif.

 

 

Laudatif

1. Souci de sa dignité, respect de soi-même. Fierté de l'âme, du caractère. Synon. amour-propre, dignité, noblesse. Madame [la mère de Napoléon] avait un grand caractère, de la force d'âme, beaucoup d'élévation et de fierté (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 75). Je l'avais cependant peinte [une amie, Blanche Passy] avec la fierté, la noblesse, l'indépendance de son caractère (Goncourt, Journal, 1896, p. 954). Les forces de la vie qui font déchoir, qui attaquent la noblesse d'un être, sa fierté (Romains, Hommes bonne vol., 1939, p. 35) :

1. La liaison avait duré quelque temps et, par noblesse de cœur, par fierté, pour ne pas être une prostituée, bien qu'il la secourût à peine, elle s'était efforcée consciencieusement d'aimer ce garçon dont elle sentait si bien l'égoïsme et la prétentieuse médiocrité.
Bloy, Femme pauvre, 1897, p. 35.

P. méton., au plur. Actes manifestant un tel souci. Ses familiarités étaient capricieusement démenties par les fiertés que lui inspiraient ses scrupules (Balzac, Illus. perdues, 1843, p. 59). Elle (...) s'offre à lui, avec un oubli absolu de toutes les fiertés, de toutes les réserves d'une honnête femme (A. Daudet, Crit. dram., 1897, p. 56).

2. Satisfaction d'amour-propre fondée. Synon. contentement, orgueil. Son fils Ollivier, dont elle parlait avec fierté, était élève à l'école de marine (Zola, Nana, 1880, p. 1174). Les sept esclaves de Bacchis, toutes de haute taille et admirablement stylées, étaient pour elle un tel sujet de fierté qu'elle ne sortait pas sans les avoir à sa suite (Louÿs, Aphrodite, 1896, p. 126). Le vieux Claude − l'ancien cocher − et le vieux Constant, me regardaient avec fierté (Gyp, Souv. pte fille, 1927, p. 86).

Fierté de. [Suivi d'un subst. ou d'un inf.] Cette fierté d'être libre, elle [Venise] la conserva toujours (Barrès, Homme libre, 1889, p. 185). Il jouissait de sa force et de son adolescence. Il avait la fierté d'être un homme. Il souriait à son bonheur (Rolland, J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 328). J'ai senti quelque fierté de l'amitié de cet homme auprès de qui les autres ressemblent à des domestiques (Bloy, Journal, 1906, p. 293) :

2. Dans ses rares heures de contentement, il avait la fierté de ces quelques études, les seules dont il fût satisfait, celles qui annonçaient un grand peintre, doué admirablement, entravé par des impuissances soudaines et inexpliquées.
Zola, Œuvre, 1886, p. 44.

En partic. Fierté de soi(-même). J'ai une certaine fierté de moi : depuis quelque temps, il s'est développé en moi un sens divinatoire (Goncourt, Journal, 1885, p. 412). Plus on rencontre de difficultés dans la vie, plus on a en soi de fierté et de contentement de soi-même (T. Bernard, M. Codomat, 1907, p. 187). Cet orgueil, cette fierté de soi-même, cette conscience de sa dignité d'homme (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 93).

 

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